just for you

(extrait)

ce texte est lu par des gens nus 

ils se retrouvent avant une partouze 

ces gens ont un physique et une présence spéciale

 

I

j’ai organisé pour vous pour moi pour vous cette soirée sexy

vous devez apporter une bouteille 

une bouteille de champagne

cham-pagne

on va tous baiser

on va tous s’enfiler

se sucer

crier

aimer être ensemble

aimer le goût du sang de la réalité de l’autre

de la coupure sur ses lèvres

la fente salée délicate et vivante

de sa bouche

on va mêler nos existences 

excitées

et mouiller ensemble sur de la musique electronique

mes pieds mouillent le sol en eaux salées et troubles 

ça fait tâche devant les gens qui ne s’attendent jamais à ça 

qui associent le mouillé au sale 

la fuite au pas “normal” 

une femme n’éjacule pas 

la femme fontaine n’existe pas 

*

la femme peut exploser en feu de mouille incontrôlable 

in-con-trô-la-ble 

et ça tu ne peux pas le supporter 

et mes doigts trempent les touches du clavier,

et ma chatte trempe ma culotte le drap ta cuisse 

et les porcs saignent avant qu’on les mange

avant que la chair ne déploie ses résidus malades 

son enfer de macération d’excréments

*

le sang arrive déjà mort au fond 

en morceaux compacts

en filets baveux d’un rouge puissant 

effroyable  

beau

le sang tombe sur les parois blanches sans les tacher 

il glisse le long des corps froids et étrangers comme une limace dégueulasse 

il laisse seulement une trainée 

brillante 

dérobée 

l’origine désincarnée 

le sang de l’humain 

*

le sang est dans l’humain et dans la femme 

le sang dépouille l’humain dans sa chair et fait remonter le pourri 

il pue le pus rouge 

sale crachat de bobo 

je préfère le fluide des hommes et l’amertume de leurs extrémités 

je laisse le vomi des menstrues aux femmes 

je laisse l’abâtardissement à ces salopes sans âme 

ces allumeuses 

ces chiennes visqueuses et séductrices 

je suis un puriste 

j’aime les choses pures 

j’aime qu’une femme me crache dans le bec 

que la pisse dorée coule dans mes mains en bol

boire le chaud à même le trou pas lavé 

le sang des charognes laissé dans la graisse et l’huile de vos moteurs détraqués 

les traces indélébiles pour toujours sous les pieds de vos enfants 

toujours savoirs que ça existe qu’on peut crever 

*

ton corps est mortel 

et tu peux crever

tu peux arrêter d’exister

arrêter de respirer

arréter d’être

ne plus être là

ne plus participer

n’être rien

ne pas être 

*

tout ce que tu fuis te reviens toujours en pleine gueule

*

et puis il y a ce corps

ce véhicule de toute une vie que l’on doit aimer alors que tout est fait pour le haïr l’exécrer le martyriser

le débarasser des marques

le détester dès qu’il bouge de son carcan de son enveloppe 

le maitriser comme on dresse un chien

personnellement je ne maitrise rien 

et tous ces trucs dans ma tête j’en fais quoi?

j’aimerais évacuer ces conneries de ma cervelle comme on fout le feu à du papier

*

les gens crèvent dans la mer - noyés

les gens se noient pendant qu’on bouffe le dessert

pendant qu’on débat - alcoolisés - de politique merdique

naufragés par millers

enfants et parents effacés

à tout jamais absorbés dans l’océan des hontes - européennes

sale blanc

le cul merdeux au fond de ton fauteil poussiéreux

tu oses parler de “peste d’humains sauvages”

alors que c’est toi la vermine

tu dis “des nuées de migrants et de demandeurs d’asile empochent les allocs comme si c’était de l’argent de monopoly”

tu dis aussi “ne vous trompez pas, ces immigrants sont comme des cafards (...) ils sont construits pour survivre à une bombe nucléaire”

sarah kane dit “une couche de cafards sur laquelle on danse / cet infernal état de siège”

j’aimerais te faire bouffer ta merde à t’en étrangler

j’aimerais voir le caca sortir de tes yeux

j’aimerais éradiquer la race humaine

passe-moi ma culotte

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